La circulation interfile, souvent appelée “interfile moto”, est une pratique bien ancrée dans la culture motarde. Longtemps tolérée sans véritable cadre légal, elle a enfin trouvé sa place dans le Code de la route grâce à un décret publié en janvier 2025. Cette évolution marque un tournant majeur pour les deux-roues et clarifie les règles applicables sur tout le territoire. Voici ce que dit la loi en 2025 et ce que l’on peut anticiper pour 2026.
La légalisation de l’interfile en 2025
Pendant des années, l’interfile n’était qu’une expérimentation limitée à une poignée de départements français. Cette situation entretenait une forte incertitude chez les usagers, puisqu’aucune réglementation nationale ne venait définir clairement quand et comment cette pratique était autorisée.
Le 9 janvier 2025, le décret n° 2025-33 a enfin inscrit la circulation interfile dans le Code de la route. À partir du 11 janvier 2025, elle est devenue légale dans toute la France, mais uniquement sous certaines conditions strictes. Cette généralisation ne signifie donc pas une autorisation totale : la loi encadre précisément les lieux, les vitesses et les circonstances dans lesquelles un motard peut circuler entre deux files de véhicules.
Les conditions d’autorisation de l’interfile en 2025
L’interfile moto n’est pas autorisée partout. La loi limite cette pratique aux autoroutes et aux routes comportant deux chaussées séparées par un terre-plein central, avec au moins deux voies par sens de circulation. Ces axes doivent également être soumis à une vitesse maximale comprise entre 70 et 130 km/h, même si certaines exceptions locales existent, comme le périphérique parisien. En dehors de ces routes, l’interfile reste interdite.
Cette circulation n’est permise que lorsque le trafic est dense, c’est-à-dire lorsque les véhicules avancent très lentement ou sont à l’arrêt. Le motard ne peut alors se faufiler qu’entre les deux voies les plus à gauche de la chaussée. Si la circulation se fluidifie et que l’une des deux files dépasse les 50 km/h, l’usager à moto doit immédiatement quitter l’interfile pour reprendre sa place normale dans une voie.
La réglementation impose également des limites de vitesse strictes. En interfile, un deux-roues motorisé ne peut jamais dépasser 50 km/h. Si l’une des files est complètement immobilisée, cette limite descend à 30 km/h pour garantir la sécurité de tous. Le motard doit rester parfaitement maître de sa trajectoire et ne pas forcer le passage entre les voitures. La manœuvre doit rester fluide, prévisible et respectueuse de la place des autres usagers.
À noter que seuls les deux et trois-roues motorisés dont la largeur n’excède pas 1 mètre peuvent pratiquer l’interfile. Les side-cars ou certains tricycles trop larges ne sont donc pas concernés par cette autorisation. De plus, l’interfile est interdite en cas de conditions météorologiques dangereuses, comme la neige ou le verglas, ou lorsque des travaux empêchent de circuler entre les files.
Les sanctions en cas de non-respect
La légalisation ne signifie pas que l’interfile est un droit absolu. Toute infraction à l’une des règles définies par le décret expose le conducteur à une contravention de 4ᵉ classe. Cette amende peut être accompagnée d’un retrait de trois points sur le permis de conduire.
Les autorités peuvent contrôler ces infractions par vidéo-verbalisation, rendant plus faciles les sanctions sans interception sur route. La rigueur de ces contrôles vise à éviter les comportements dangereux et à garantir que la circulation interfile reste une pratique sécurisée.
Bonnes pratiques pour une interfile sécurisée
Même si la loi détaille précisément les conditions à respecter, la prudence personnelle du motard reste essentielle. L’interfile nécessite une attention constante, car les automobilistes peuvent changer de direction ou de voie de manière imprévisible. Il est important pour les motards d’anticiper, d’adapter leur vitesse et de rester visibles.
Beaucoup choisissent d’utiliser leurs feux de croisement en permanence, et certains activent brièvement les warnings lorsqu’ils s’apprêtent à s’engager entre les files, afin de signaler leur présence.
La priorité reste la sécurité : l’interfile doit être pratiquée avec douceur, sans brusquer les autres usagers et en respectant l’espace nécessaire pour évoluer sans danger.
N’oubliez pas que le bruit à moto ne vous sauvera pas ! Seul le klaxon est véritablement un atout pour se faire voir en interfile.
Que prévoit la loi pour 2026 ?
Pour 2026, aucun changement majeur n’a été annoncé concernant la réglementation de l’interfile. Le cadre légal posé en 2025 devrait rester stable.
Toutefois, des ajustements locaux peuvent apparaître selon les collectivités, notamment sur les limitations de vitesse ou les zones autorisées. Certaines municipalités pourraient adapter la pratique sur des axes spécifiques, comme c’est déjà le cas dans la région parisienne.
Par ailleurs, les organismes publics analyseront les effets de cette légalisation sur l’accidentalité. Les données recueillies en 2025 pourraient conduire à des recommandations ou à de légères modifications techniques.
On peut également s’attendre à une intensification des contrôles, notamment par vidéo-verbalisation, afin de garantir le respect des règles nouvellement instaurées.
Conclusion
En 2025, la France a franchi une étape importante en inscrivant officiellement l’interfile moto dans le Code de la route. Cette avancée offre une meilleure sécurité juridique aux motards, mais impose aussi un cadre strict pour éviter les dérives et les comportements risqués. En 2026, la réglementation devrait rester similaire, avec d’éventuels ajustements locaux ou techniques.
La circulation interfile, lorsqu’elle est pratiquée correctement, permet de fluidifier le trafic et de réduire les congestions. Mais pour que cette pratique soit bénéfique à tous, motards comme automobilistes doivent rester vigilants et respecter scrupuleusement les règles en vigueur.